« Toujours sur la bonne dynamique »
« Malgré la crise sanitaire, le groupe basé à Joué-lès-Tours continue à se développer. Il a encore accru ses effectifs de plus de 100 collaborateurs en CDI au cours du 2e semestre 2020. Et malgré un début d’année 2021 marqué par une polémique médiatique autour d’un soi-disant fichage des salariés, l’entreprise familiale prévoit d’en recruter une centaine d’autres encore cette année, comme l’explique Emmanuel Hervé, le président du directoire.
Un développement continu avec 500 embauches en 4 ans.
Le groupe Hervé, plus connu en Touraine sous le nom de Hervé Thermique, qui n’est qu’une activité de l’entreprise – la plus importante puisqu’elle représente les deux tiers des effectifs et du chiffre d’affaires du groupe qui s’élève à 500 M€ –, continue de se développer malgré un contexte économique toujours plombé par la crise sanitaire. C’est le message positif qu’il faut retenir de ce début d’année. Le groupe, qui compte aujourd’hui 3 100 salariés, fait partie des cinq principales ETI (Entreprise de taille
intermédiaire) de la région Centre-Val de Loire. Il va encore recruter 100 collaborateurs en CDI cette année. « Nous sommes sur le même rythme de développement depuis cinq ans, se félicite son président Emmanuel Hervé. Nous avons augmenté nos effectifs de 500 personnes ces quatre dernières années dont une centaine au 2e semestre l’an passé, après avoir digéré le choc du premier confinement. Nous sommes prêts à accompagner la reprise dans le secteur du bâtiment, qui reste dynamique. »
Ni chômage partiel ni Prêt Garanti par l’État en 2020
Autre indicateur de cette bonne santé du groupe : après une baisse de chiffres d’affaires de 16 % sur le 1er semestre 2020, l’activité a repris au second semestre avec l’ouverture de 9 nouvelles agences en France pour 65 agences au total. « Cela s’explique par la reprise dans notre secteur mais aussi par notre organisation managériale qui nous a permis de rester actifs, même au plus fort de la crise sanitaire, poursuit Emmanuel Hervé. Nous avons pu continuer à travailler, en mode dégradé certes, mais de façon tout à fait efficace et dans le respect des règles sanitaires grâce à notre organisation en unités d’activités autonomes. Cela permet de s’adapter aux besoins de nos clients ; nous avons ainsi pu intervenir dans les EHPAD ou les hôpitaux qui avaient besoin de nos services. Mais en laissant une très grande liberté d’organisation aux salariés, cela a permis à nos différentes équipes de faire du sur-mesure pour s’adapter aux spécificités sanitaires de leurs clients et aux contraintes de leur territoire, plus ou moins impacté par le virus. »
La seule consigne globale donnée par la direction a été l’interdiction aux employés à risques de travailler pendant cette période.
Au final, le groupe a dénombré une cinquantaine de cas de Covid en son sein en 2020. Ce qui, sur un effectif de plus de 3 000 salariés, reste minime. De même, cette organisation extrêmement souple, à la carte pour chaque entité, a permis au groupe de ne pas avoir recours ni au chômage partiel ni au Prêt garanti par l’État (PGE). Preuve de sa solidité mais aussi de son
adaptabilité au contexte inédit de la crise sanitaire.
Une organisation managériale originale et efficace
D’après Emmanuel Hervé, l’un des éléments clefs qui explique la bonne santé du groupe, c’est son organisation décentralisée basée sur le management concertatif. Le groupe se compose de quelque 200 unités de 8 à 20 personnes qui s’autogèrent de façon autonome sous la responsabilité d’un manager d’activités qui favorise à partir de la singularité de chacun ce qui fait commun. Chaque groupe fonctionne de façon autonome, se fixe ses objectifs et met en œuvre sa stratégie pour les atteindre. « Cela repose tout simplement sur des relations humaines basées sur la confiance et la transparence, explique Emmanuel Hervé. Nous partons du postulat qu’un salarié sera plus épanoui si on le laisse fonctionner de façon autonome et responsable au lieu d’être dépendant d’une hiérarchie pesante et contre-productive. Chaque structure n’a pas besoin d’en référer au siège en permanence, elle prend ses initiatives, tout le monde y gagne en souplesse et réactivité et donc en efficacité…»
Autonomie, responsabilité et coopération entre collègues sont les trois maîtres mots de ce management pas si courant dans les entreprises de cette taille où le modèle vertical s’efface
au profit d’un fonctionnement horizontal dans lequel chacun participe au bon fonctionnement de la structure.
Le groupe n’a jamais fiché ses salariés.
Ce modèle de management concertatif a été mis en cause lors d’une émission diffusée sur France Inter le 23 janvier dernier. Deux anciens cadres licenciés, l’un en 2014, l’autre en 2018, y accusaient le groupe d’avoir organisé un fichage des salariés en trois catégories : les moutons, les dauphins et les renards. « Ce sont bien évidemment des allégations totalement fausses, il n’y a pas et n’a jamais eu de fichier d’aucune sorte », assure Emmanuel Hervé. L’émission diffusée sur France Inter repose sur deux témoignages. Celui d’un ancien directeur d’une filiale qui affirme qu’il a démissionné alors qu’il a été licencié pour insuffisance professionnelle et faute grave et qui depuis porte ces accusations. Et celui d’un ancien directeur commercial qui affirme, avec la complicité du premier, être une victime alors qu’il a, lui, été licencié pour, entre autres, l’agression de son assistante et qui a été débouté aux Prud’hommes, un jugement du conseil prudhommal de Tours en atteste. À partir de là, il est difficile d’accorder du crédit à ces témoignages, d’autant plus qu’ils sont démentis par les délégués syndicaux comme par les représentants du personnel du groupe Hervé. « Nous sommes connus à Tours, poursuit Emmanuel Hervé. Nous avons des clients, des fournisseurs, des partenaires nombreux. Deux cents personnes travaillent en Touraine, s’il y avait des telles pratiques au sein du groupe, ça se saurait. Nos collaborateurs sont nos meilleurs ambassadeurs et recruteurs, le recrutement se fait à 80 % par le bouche-à-oreille. Si les salariés ne se sentaient pas bien dans l’entreprise, ils ne diraient pas aux autres de venir y travailler ! »
L’entreprise n’est pas seulement recommandée par ses salariés, elle a aussi reçu dans cette affaire le soutien de plusieurs organisations dont le MEDEF Touraine, organisation patronale, la FFB, syndicat de branche, et la CFDT, organisation syndicale.
Patrice Naour/ Journaliste (Article paru dans La Tribune 1er trimestre 2021)